Mara 18


La Mara 18, ou 18th Street Gang (Gang de la 18ème rue) trouve ses origines dans cette même rue de Los Angeles en 1959. Ce gang de rue latino est formé de Salvadoriens, Honduriens, Guatémaltèques, Mexicains, rejetés à l’époque du gang Clanton 14. Ce gang est décrit comme un des plus violent du monde. Leurs ennemis jurés sont la MS 13 ou Mara Salvatrucha.

En 1992, après la guerre civile à El Salvador, de nombreux membres de ces deux gangs furent renvoyés au pays. Le gouvernement n’ayant pas la capacité de les contrôler, ils firent régner leurs lois en occupant des territoires définis ou « barrios » et en se battant jusqu’à la mort pour les défendre. Les membres de la Mara peuvent être recrutés très jeunes, entre 8 et 12 ans. Pour intégrer le gang, le jeune devra être passé à tabac pendant 18 longues secondes. Il se fera généralement tatouer, même si aujourd’hui cela devient moins fréquent pour éviter de se faire emprisonner ou tuer par le gang rival. L’espérance de vie moyenne d’un membre de la Mara est d’environ 20 – 25 ans.

J’ai pu rencontrer plusieurs membres de la 18 dans le quartier de Las Palmas dans le centre de San Salvador, en 2008, 2010 et 2015. Ma porte d’entrée a été une association locale qui a permis une mise en relation avec le gang. Le groupe est très structuré, avec une hiérarchie pyramidale. Le chef du barrio se trouve souvent en prison et donne les ordres depuis sa cellule avec un téléphone portable. C’est souvent d’ailleurs grâce à un séjour en prison que certains membres peuvent vivre plus longtemps.

Pour photographier les membres de la Mara, il fallait généralement demander l’autorisation au chef en l’appelant sur son téléphone. Il ne fallait pas montrer les visages et l’entrevue était rapide. En y retournant en 2010, j’ai pu échanger directement avec eux sans devoir passer par l’autorité suprême. Les échanges en étaient plus libres, mais avec davantage d’incertitudes.

La vie de ces jeunes va à 100 à l’heure et est complètement imprévisible. El Chino, sur la première photo, a été tué par balle en 2009 alors qu’il prenait le bus. Le jeune qui pose seul sur le pas de la porte avec un « 18 » sur le bras et « St » (pour « Street ») sur le torse s’est fait emprisonner en 2010 et a succombé quelques mois plus tard avec une quarantaine d’autres jeunes lors de l’incendie de la prison. Celui avec le tatouage « 106 », gang allié à la 18, a été assassiné dans son quartier fin 2015.

Les graffitis font partie de la culture du gang. A San Salvador, les autorités ont entrepris un important travail de nettoyage, qui passe également par l’effacement des graffs. Ces photos ont donc été prises dans des endroits peu contrôlés par l’Etat où il a fallu le plus souvent payer un droit de passage au chef du quartier, même si celui-ci connaissait mon intermédiaire.

A San Salvador, on peut palper une ambiance particulière basée sur la peur. On entend tous les jours des histoires violentes. Christian Poveda, l’auteur de l’excellent documentaire « La Vida Loca », s’est fait assassiné à San Salvador en septembre 2009 pour des raisons troubles, peu de temps avant la sortie du film en France.

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